Le changement climatique accroît les risques liés à la grossesse dans le monde entier en raison de la chaleur extrême
L’association Conséquences attire l’attention sur le dernier rapport du Climate Central qui observe un impact préoccupant de la chaleur extrême sur la grossesse et les inégalités. L’étude révèle que le changement climatique amplifie les risques sanitaires pour les femmes enceintes, avec un impact disproportionné sur les régions en développement et les communautés marginalisées. Les conclusions de ce rapport renforcent la nécessité de placer la prévention en lien avec les vagues de chaleurs et les conséquences du changement climatique sur la santé humaine. En France, l’étude révèle ainsi qu’au cours des cinq dernières années, la France a connu en moyenne 17 jours supplémentaires “d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse” chaque année. Un zoom sur la France de cette étude est apporté par deux chercheuses de l’INSERM, Johanna Lepeule et Lucie Adélaïde et Alexandre Florentin, conseiller de Paris, président de la mission transpartisane Paris à 50°C.
FAITS PRINCIPAUX
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- La chaleur extrême présente des risques dangereux pour la santé maternelle, les complications de la grossesse, et la santé future de l’enfant – et elle devient plus fréquente et intense en raison du changement climatique.
- Climate Central a analysé les températures quotidiennes au cours des cinq dernières années (2020 à 2024) dans 247 pays, territoires et dépendances et 940 grandes villes pour savoir combien de jours de forte chaleur (le risque thermique) ont pu mettre en danger la santé des femmes enceintes. Pour chaque endroit, les chercheurs ont identifié le niveau de température qui était supérieur à 95 % des températures typiques. Les jours où les températures maximales dépassent ce niveau ont été classés comme « jours de chaleur extrême à risque pour la grossesse » car ils sont associés à un risque plus élevé de naissance prématurée.
- Entre 2020 et 2024, près d’un tiers des pays et territoires analysés (78 sur 247) ont connu au moins 30 jours supplémentaires d’extrême chaleur dus au changement climatique, et à risque pour la grossesse
- Dans la plupart des pays (221), le changement climatique a au moins doublé le nombre moyen de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année au cours des cinq dernières années. Les plus fortes augmentations au cours des cinq dernières années se sont produites principalement dans les régions en développement où l’accès aux soins est limité – notamment dans les Caraïbes, ainsi que dans certaines parties d’Amérique centrale et du Sud, les îles du Pacifique, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne.
- Au cours des cinq dernières années, la France a connu en moyenne 17 jours supplémentaires d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année.
- « Entre 2020 et 2024, plus de 60 % des jours d’extrême chaleur auxquels les femmes enceintes ont été exposées chaque année en France — soit 17 jours de risque sur un total moyen de 28 par an, sont attribuables au changement climatique.
ZOOM SUR LES DONNÉES FRANÇAISES
Résumé
- Au cours des cinq dernières années, la France a connu en moyenne 17 jours supplémentaires d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année.
- Entre 2020 et 2024, plus de 60 % des jours d’extrême chaleur auxquels les femmes enceintes ont été exposées chaque année en France — soit 17 jours de risque sur un total moyen de 28 par an, sont attribuables au changement climatique.
- À Paris, 65 % des jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse enregistrés annuellement au cours des cinq dernières années sont dus au changement climatique (17 jours sur 26).
Canicules et santé publique : les villes face au défi de la chaleur extrême
Pour Alexandre Florentin, conseiller de Paris, président de la mission transpartisane Paris à 50°C “ Les canicules sont des tueuses invisibles de personnes invisibles, s’attaquant actuellement majoritairement aux personnes âgées isolées ou aux personnes à la rue. C’est particulièrement vrai dans une ville comme Paris, que sa densité en béton et en bitume transforme en radiateur les nuits d’été. Alors va-t-on cuire, fuir ou agir ?
Si nous arrivons pour l’instant à tempérer le risque de prématurité par la prévention, qu’en sera-t-il demain avec un climat qui continue de changer ? Nous devons impérativement nous préparer à des canicules très sévères, supérieures à 2 semaines ou avoisinant les 50°C, en nous entraidant, en partageant les lieux rafraîchis, en transformant dès à présent nos villes. L’essentiel pour bien vivre ensemble peut encore être préservé.”
Pour illustrer les propos d’Alexandre Florentin vous pouvez peut-être utiliser ce graphique :
Comment lire ce graphique :
Chaque bulle représente une canicule à Paris.
Plus la bulle est haute, plus la canicule a été intense ; plus elle est à droite, plus elle a duré.
Les bulles jaunes correspondent aux canicules passées, celle entourée en blanc représente 2003.
Les bulles rouges montrent ce à quoi il faut s’attendre d’ici 2050, et les bordeaux celles de la fin du siècle — avec des épisodes extrêmes à redouter.
Source : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab6a24/pdf
Comprendre les inégalités environnementales pour mieux protéger la santé
Des chercheuses de l’INSERM, Johanna Lepeule et Lucie Adélaïde, étudient les impacts de la chaleur sur la santé des femmes enceintes au sein de cohortes mère-enfant françaises. Leurs travaux ont montré des effets de la chaleur et de la variabilité thermique au cours de la grossesse sur la santé périnatale, allant de la naissance prématurée au développement pulmonaire du nouveau‑né.
“On a découvert qu’un tiers des femmes enceintes, étaient fortement exposées à la chaleur, c’est-à-dire à des températures élevées, mais aussi sur des périodes de plusieurs jours d’affilée et qui se répètent au cours de la grossesse. Nos autres travaux ont également montré des risques accrus concernant la prématurité et le développement pulmonaire et neurologique, avec parfois des effets plus marqués selon le sexe de l’enfant. L’étude de Climate Central est très utile : elle caractérise à l’échelle mondiale, l’ampleur de ces risques, et elle complète bien nos résultats nationaux. Cela fournit davantage d’éléments pour orienter les politiques de santé et d’adaptation. “ Johanna Lepeule, directrice de recherche à l’INSERM
Certaines populations sont plus vulnérables aux effets du changement climatique, non seulement à cause des conditions météo extrêmes, mais aussi en raison des inégalités sociales et du manque d’accès à des environnements sains.
Pour Lucie Adélaïde, cheffe de projet à l’INSERM, « Pour bien protéger la santé, il faut comprendre comment les risques environnementaux se cumulent avec les inégalités sociales. Notre étude a montré qu’en France en 2018, plus de 8 millions de personnes vivaient dans ce qu’on appelle des “points noirs environnementaux”. Ce sont des zones où les habitants sont à la fois très exposés à la chaleur, à la pollution de l’air et au manque d’espaces verts. Ces multiples expositions concernent surtout les grandes villes, et plus particulièrement les quartiers les plus défavorisés. Ce qu’on voit aussi, c’est que les dernières années étudiées — entre 2015 et 2018 — ont été beaucoup plus chaudes que les précédentes. Nos résultats doivent servir d’outil pour agir. Ils peuvent guider les politiques locales : végétaliser les quartiers, limiter la pollution, créer des îlots de fraîcheur, mais aussi mieux informer les habitants. Certains sites publics donnent déjà des recommandations très utiles, mais elles sont encore trop peu connues. »
Ce travail de recherche, mené sur presque 20 ans, montre à quel point les effets du climat et les conditions de vie se combinent, parfois de façon invisible, mais avec des conséquences très concrètes sur la santé.
Certains sites du gouvernements donnent des recommandations très importantes en terme de prévention, c’est le cas de https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/proteger-bebe-des-temperatures-extremes ou https://www.vivre-avec-la-chaleur.fr/
Encourager l’adaptation locale pour protéger ces populations vulnérables
Pour le directeur de Conséquences, Sylvain Trottier « Les vagues de chaleur sont un des impacts les plus aisément attribuables au changement climatique d’origine humaine. L’étude de notre partenaire Climate Central rappelle en étudiant les données de ces 5 dernières années que le changement climatique a déjà augmenté dans de nombreux pays la vulnérabilité des femmes enceintes, des enfants à naître, avec l’augmentation du nombre de jours à risque. En France, les études épidémiologiques en santé publique ont documenté les incidences des périodes de chaleur anormale sur la santé des femmes enceintes, le développement des fœtus, la prématurité. Les impacts et conséquences du changement climatique touchent de nombreux aspects de notre vie quotidienne, de manière insidieuse, y compris la santé. L’aspect multifactoriel, ou difficilement attribuable de certaines pathologies -par exemple du foetus ou de la femme enceinte- ne doit pas faire oublier que le changement climatique et ses impacts ont un rôle déterminant, qui renforcent les phénomènes et la vulnérabilité. Les plus fragiles, personnes âgées, enfants, femmes enceintes et enfants à naître sont en première ligne, notamment face à la chaleur. Il ne faut pas s’habituer, mais anticiper la future augmentation des vagues de chaleur à risque, toujours renforcer l’adaptation, l’information et la prévention pour les publics à risque, et parmi eux, les plus pauvres ou défavorisés. C’est tout l’intérêt de l’étude de Climate Central, complémentaire des travaux de recherche en santé publique pour une prévention plus efficace et mieux ciblée. “
Statistiques
➤ Consultez le rapport traduit
➤ Accès aux données pour 247 pays, territoires et dépendances et 940 villes à travers le monde.
➤ Explorez des cartes interactives pour les pays et les villes sur six continents.
➤ Explorez les données pour la France
BIOGRAPHIES
- Johanna Lepeule
Directrice de recherche, Inserm U1209, Institut pour l’Avancée des Biosciences,
- Lucie Adélaïde
Docteure en pharmacie et en santé publique, Inserm U1085, Institut de recherche en santé, environnement et travail, Think tank Santé mondiale 2030
Alexandre Florentin
Alexandre est conseiller de Paris, président de la mission transpartisane Paris à 50°C, ingénieur et diplômé du master « sciences et politiques de l’environnement ». Il a passé près de 15 ans à accompagner des entreprises et des territoires, en France et à l’étranger, dans leur transition écologique. En parallèle de cet engagement public, il a créé et dirigé le centre de formation du groupe Carbone 4.
Climate Central
Climate Central est un groupe indépendant de scientifiques et de communicants qui recherchent et rapportent les faits concernant notre climat en mutation et son impact sur la vie des gens. Climate Central est une organisation à but non lucratif 501(c)(3) politiquement neutre. Analystes de cette étude : Michelle Young (responsable), Kaitlyn Trudeau (visualisation des données observables)
Contact presse
Romina Sanfourche
romina.sanfourche@consequences-france.org
07 66 47 65 31