Maisons fissurées : 20 millions de français exposés, beaucoup plus à l’avenir

Depuis des années les impacts du changement climatique et l’augmentation tendancielle des sinistres pèsent fortement sur l’assurabilité de nos territoires. Inondations, risques submersions, sécheresses…  se pose aussi la question de la “bombe sociale” que peuvent représenter certains périls. Les maisons fissurées sont une menace sournoise, provoquant des dégâts soudains ou progressifs. 

 

 L’association Conséquences publie, en partenariat avec la start up Callendar, un rapport consacré au phénomène des “maisons fissurées”. Ce rapport : 

•  établit des liens entre les changements climatiques d’origine humaine et l’augmentation rapide du sinistre
• fait un état de lieux et des projections concernant l’exposition des maisons d’ici 2050 en fonction des trajectoires climatiques : plus de 16 millions de maisons (avec plus de 2,7°c en 2050) avec des périodes de retours de sécheresse beaucoup plus rapide.
• montre dans une étude des données de reconnaissance Catastrophe naturelle depuis 1989 comment le phénomène a beaucoup augmenté (+145%), et s’est surtout fortement étendu sur tout le territoire national avec un glissement vers l’est, et de nouvelles régions ou départements fortement touchés (Bourgogne Franche Comté ; Grand Est ; Auvergne Rhône Alpes).
• fait un état des lieux de l’exposition des français au phénomène selon les régions (Centre-Val-de-Loire (67%), Occitanie (49%), Nouvelle Aquitaine (46,8%), Bourgogne-Franche-Comté (44%), PACA (39%)
• met en avant différentes modélisations et projections réalisées par différents instituts ou acteurs institutionnels, qui montrent comment le risque de retrait gonflement des argiles et donc de maisons fissurées va continuer à progresser partout en France, mais à des degrés divers en fonction de l’augmentation des températures et de la récurrence des sécheresses à venir.

Le rapport fait également état de la prévention et des mesures d’adaptation à notre disposition ainsi que leurs coûts potentiels.

 

Risque Maison Climat RGA : une application pour évaluer le risque de dommages par retrait-gonflements des argiles pour votre logement

La start-up Callendar, en partenariat avec Conséquences, met à disposition gratuitement une application qui permet d’avoir une idée du niveau de risque de sa maison sur trois facteurs :

• la nature du sol
• la structure du bâti
• le risque climatique (sécheresse),

actuel et futur

Risque Maison Climat RGA permet en entrant son adresse postale de voir le niveau d’exposition au RGA, le niveau d’exposition à la sécheresse aujourd’hui et demain, le niveau de vulnérabilité de sa maison avec quelques critères très simples. “ commente Samy Kraiem, climatologue chez Callendar

“Cette application va permettre aux gens de voir, si tous les voyants sont au rouge, les questions à se poser, et vers qui s’orienter. Elle montre les 3 facteurs qui concourent au risque de maison fissurée, dont évidemment le risque climatique qui est déterminant”, ajoute Sylvain Trottier, directeur de Conséquences. 

 

Une pétition de l’association  « Les Oubliés de la canicule »

Par ailleurs et dans ce contexte, l’association de victimes « Les oubliés de la canicule » lance une pétition en avril 2024 appelant à une meilleure prise en charge des sinistrés du « retrait-gonflement des argiles » et des sécheresses. 

“Aujourd’hui, il est urgent de donner la parole aux sinistrés climatiques qui sont confrontés à un véritable parcours du combattant. Les sinistrés se retrouvent souvent en détresse face aux assureurs, craignant de perdre toute une vie de travail investie dans un bien qui n’a plus aucune valeur. Nous appelons Gabriel Attal à prendre en compte nos demandes et à apporter des réponses concrètes pour l’avenir des sinistrés à venir » déclare Yves Moalic, Référent des Oubliés de la canicule.

L’association Conséquences accompagne cette initiative des Oubliés de la canicule et souligne leur engagement en tant que une des principales associations nationales offrant accompagnement et conseils aux sinistrés du « retrait-gonflement des argiles ». Au cours des 20 dernières années, elle a assisté plus de 30 000 sinistrés.

Les témoins

Yves Moalic est un professeur de français et de théâtre retraité investit dans le secteur associatif. Sa maison, située à Semur-en-Auxois, a été sinistrée en 2018, celle-ci est située sur une veine argileuse. Il est engagé comme référent pour l’association des Oubliés de la canicule et a accompagné plus de 600 dossiers dans les régions de la Côte d’or, la Nièvre et la Haute-Saône. Il est le porte-parole de l’association des Oubliés de la canicule.

 

Nadège Bonnot réside à Perrigny-lès-Dijon (Côte-d’Or), elle est membre de l’association les Oubliés de la canicule. Elle vit dans sa maison depuis une vingtaine d’années. En 2017, elle a commencé à voir des fissures tant sur la face de son pavillon qu’à l’intérieur. Après son parcours du combattant , elle vient d’obtenir gain de cause lors d’un procès contre son assurance afin d’obtenir réparation. Dynamique et engagée, Nadège souhaite que les sinistrés ne se sentent plus seuls face à ce problème qui est directement lié au changement climatique.